Outre-atlantique, le concept de mentorat est passé dans le langage courant. C’est une pratique connue et reconnue, et largement valorisée. Le mentorat a même « son » mois, et quelques journées dédiées.
En France, où nous sommes plus habitués à de multiples dénominations comme « tutorat » ou « parrainage », le terme de mentorat a longtemps été considéré comme un peu solennel ou emphatique. On se précipite vers le dictionnaire et on découvre que Mentor était le précepteur de Télémaque, le fils d’Ulysse. « Être mentor de quelqu’un ? Mais quelle grande responsabilité ! Non, c’est trop pour moi… Non, je n’en ai pas les capacités… »
Alors, sages et avisées, les associations qui promeuvent l’accompagnement individualisé ne se sont pas ruées vers ce vocabulaire et ont préféré conserver les mots qui leur étaient plus familiers. Cependant, si l’on y regarde de plus près, « être tuteur ou tutrice » est lourd de sens juridique ; de même, être le parrain ou la marraine d’un enfant ou d’un ado a un sens symbolique et familial très fort. Et « mentor », en comparaison, n’est plus aussi impressionnant.
Pourquoi parler de mentorat depuis le début de l’année scolaire, vous demandez-vous peut-être ? C’est une question de conversion ; de conversion dans le sens mathématique. Pour pouvoir additionner la force des personnes engagées dans des actions de soutien individuel t respectant des fondamentaux communs. Quand nous avons commencé, en septembre 2019, à nous réunir avec d’autres associations de mentorat, nous ne parlions pas tout à fait la même langue. Socrate voulait valoriser le travail de ses « bénévoles lycéens », l’Entraide Scolaire Amicale présentait le travail des « bénévoles accompagnants » de tous les âges, l’Afev parlait au nom de ses « engagé.es », Article 1 promouvait ses « associé.es », et Télémaque ses « tuteurs et tutrices ». Cela me faisait penser à un ancien collègue qui râlait à chaque fois qu’on voulait lui faire additionner « des petits pois et des carottes » ! Le Collectif mentorat a donc décidé d’adopter le mot « mentor », pour pouvoir faire l’addition des forces de nos bénévoles, qui, s’ils interviennent dans des cadres différents, partagent beaucoup plus de points communs que de différences.
« Seulement pour faire des additions ? »
C’est déjà pas mal, de pouvoir faire des additions ! Le Collectif Mentorat représente 8 associations et 25 000 mentors en France. Vous imaginez ? 25 000 personnes qui agissent pour soutenir un.e plus jeune, c’est beaucoup ! En tout cas, ce n’est pas négligeable dans le contexte français, où on se bat pour limiter les inégalités scolaires et d’orientation… En tout cas, c’était une première étape pour aller plus loin, ensemble.
Faire plus ensemble, c’est créer une force collective pour faire connaitre et reconnaitre les effets bénéfiques d’un mentorat bien encadré, tant pour les mentoré.es que pour les mentors. C’est trouver ensemble des ressources, tant humaines que financières, pour étudier les conditions requises pour que le mentorat fonctionne et produisent des effets tangibles. C’est aussi mettre en commun nos savoirs-faire, bénévoles et professionnels, dans le respect de l’identité de chacune de nos associations, pour peser sur les politiques publiques – et privées -, pour une meilleure valorisation de cette méthode d’accompagnement.
Et pour ma part, c’est aussi concrétiser un des objectifs de Socrate, avec sa particularité de promouvoir l’engagement des plus jeunes parmi tous les mentors du Collectif : favoriser une meilleure connaissance entre les associations, pour que les bénévoles de Socrate, après leur bac et tout au long de leur vie citoyenne, aient envie de prolonger leur engagement dans d’autres associations.
Julie Tartarin
Directrice de Socrate
Les associations fondatrices du Collectif Mentorat sont
– Afev
– Article 1
– Chemins d’avenirs
– Entraide Scolaire Amicale
– NQT
– Proxité
– Socrate
– Télémaque